Xavier Forneret

Le Diamant de l’herbe

gravures sur bois de Simon Ortner, présentation de André Breton

Couverture : impression typographique bleue et noire sur papier filtre des moulins Prat-Dumas à Couze. Intérieur : impression bleue, noire et rouge sur papier filtre avec 13 gravures sur bois de Simon Ortner. Cahiers libres.

* un tirage de tête imprimé à 30 exemplaires sur velin d’Arches au format 25 x 32,5 cm numéroté et signé par Simon Ortner est disponible auprès de l’artiste et de l’éditeur…

56 pages, format 23 x 17 cm à l’italienne

ISBN : 2-914363-21-4, 25 euros

  • AGENDA

En librairie le 7 mars 2022

Trouvez un libraire près de chez vous


Ce petit conte cruel réussit en à peine une vingtaine de pages à emporter le lecteur au cœur du mystère amoureux. Édité par l’auteur en 1840 chez Duverger à Paris Le Diamant de l’herbe est devenu un classique de la littérature repris par de nombreux éditeurs contemporains (Losfeld en 1955, GLM en 1974, éditions des Cendres en 1983, Corti en 1994).


Des choses étranges

Il y a un cas Forneret dont l’énigme persistante justifierait aujourd’hui des recherches patientes et systématiques. Qui fut cet homme dont tout le comportement extérieur semble avoir eu pour objet d’attirer l’attention de la foule, que sa manière d’écrire ne pouvait manquer de lui aliéner, cet homme assez orgueilleux pour faire passer dans les journaux cette annonce d’un de ses livres : « Le nouvel ouvrage de M. Xavier Forneret n’est livré qu’aux personnes qui envoient leur nom à l’imprimeur, M. Duverger, rue de Verneuil, et après examen de leur demande par l’auteur » et assez humble pour, à la fin de plusieurs de ses ouvrages s’excuser de son incapacité et solliciter l’indulgence du public ? Cette attitude n’est pas sans présenter des analogies frappantes avec celle qu’adoptera plus tard Raymond Roussel. Le style de Forneret est, par ailleurs, de ceux qui font pressentir Lautréamont comme son répertoire d’images audacieuses et toutes neuves annonce déjà Saint-Pol-Roux.

Monselet, plus courageux que toute la critique de ces cent dernières années, ne craint pas d’admirer chez Forneret ce qui est admirable : « Temps perdu - nous-mêmes souscrivons formellement à cette opinion - renferme un chef-d’œuvre ; c’est Le Diamant de l’herbe, un récit qui n’a pas plus de vingt pages. L’étrange, le mystérieux, le doux, le terrible, ne se sont jamais mariés sous une plume avec une telle intensité. »

André Breton

Extrait d’un texte paru dans la revue Minotaure, n°10, en 1937.


Les sept premières gravures sur bois de Simon Ortner…


BON DE COMMANDE

Bon de commande - Le Diamant de l’herbe

Quiero éditions c/o Marginales, Les Billardes, 04300 Forcalquier.

Chèque à l’ordre de « Marginales - propos périphériques ».


DOSSIER DE PRESSE

Le Diamant de l’herbe

Retour au début de l’article


Un livre étrange

Ce livre étrange de Xavier Forneret est aussi une aventure singulière entre le peintre Simon Ortner et l’éditeur-typographe Samuel Autexier, un voyage de formes et de lumières qui laisse un goût de larmes blanches.

Sadou Czapka, poète


Lecture du Diamant de l’herbe

Merci à l’Oiseau-lyre (Nath Vauthier) pour cette belle mise en onde du texte de Xavier Forneret…

Écoute de l’émission sur le site de Fréquence mistral

Retour au sommaire du dossier de presse


Apéro-typo autour du Diamant de l’herbe

Lecture et présentation du livre à la librairie L’Arbousier à Lurs par Sadou Czapka et Samuel Autexier - montage vidéo de Daniel Chini.

Retour au sommaire du dossier de presse


Poésie et profondeur romantique

Ce livre est un travail typographique, imprimé sur une presse à main à partir d’une composition au plomb de Samuel Autexier en caractères Vendôme 16 & 24. Le tirage est fait en bleu, noir et rouge. Les gravures sur bois de Simon Ortner, ouvrier agricole, graveur et peintre, soulignent l’énigme du texte, avec des formes géométriques.

Ce travail de création, tant éditorial qu’illustratif, est mis au service d’un des plus beaux textes, sinon le plus beau, d’un romantique tombé dans l’oubli, Xavier Forneret (1809-1884). En son temps, Breton l’avait inscrit dans son Anthologie de l’humour noir [1] dont un extrait sert, ici de présentation.

Le ver luisant, personnage principal du récit et, par métaphore, titre du récit, « se meut sous l’influence de ce qui doit advenir ». Le texte relève d’un récit d’entomologiste autant que d’un poète, au bord du fantastique. L’événement a lieu loin de la ville, en un espace de solitude, en un pavillon abandonné sous les larmes blanches de la lune. Par mise en abyme, nous rencontrerons, dans le pavillon, des objets, un fauteuil, une araignée qui file « un bonheur de soie doux ». Ensuite, une femme, dame blanche « aux larmes de pierre », y entrera. Serait-elle la messagère de l’amour « pourvu que j’aie encore un souffle à donner à son baiser, un sourire à sa bouche, un regard à ses yeux, une larme à son âme » ?

La prose poétique de Forneret suscite le questionnement, interroge. Le Diamant de l’herbe serait-il l’histoire d’un rendez-vous placé sous le signe d’une kyrielle de rencontres étranges ? Peut-être, mais le rendez-vous n’aura pas lieu, la femme anticipant elle-même son inexistence à venir.

Le ver jaunira.

La femme tombera.

L’homme aura été assassiné.

… L’être romantique fuit la pression sociale, l’oppression. Il se bat contre les forces de l’anéantissement. L’univers s’irréalise au fur et à mesure que le lecteur tourne les pages d’une histoire qui se cherche dans l’ombre du soir, qui sombre dans la pénombre d’une pièce. Chaque évocation devient équivoque, le réel semble s’abolir à travers la subjectivité exacerbée d’un narrateur voyant. Le naturel et le fabriqué se mêlent ; on suit la pérégrination narrative de l’herbe jusqu’au pavillon avant d’y entrer.

Rien n’est limpide dans les épisodes qui sont contés, mais un souffle les enchaîne les uns aux autres. Ce qui est représenté, le sens, est à construire. C’est au hasard des apparitions de motifs que semble tenir la structure du récit. Mais là aussi, peu à peu, l’évanescence vient saturer les scènes dans le souffle rythmique d’une écriture descriptive que Breton qualifiait justement de « coulée verbale » [2]. Cet effet provient du choix romantique d’atténuer la logique de la phrase, créant un renforcement des mots et des associations de sens, par-delà les règles syntaxiques. Le travail typographique et de mise en page, la respiration qu’offrent au texte les gravures sur bois, orchestrent des pauses dans la matérialité même du texte y ouvrant à larges battants des espaces poétiques. Ainsi, la femme fantomatique se laisse-t-elle capter par le drame, transportée par la charge émotionnelle des mots en effervescence, des mots qui s’appellent par un jeu d’affinités libre.

Le texte se clôturant sur lui-même, le possible s’ouvre hardiment. Le présage du ver luisant, au début de récit, trouve alors son obsédant accomplissement. Nous ne sommes pas dans le merveilleux pour autant, car le langage s’y tient enserré dans la narration réalisatrice. Demeure un texte mystérieux [3], c’est-à-dire l’apparition sensible d’un univers mental subjectif qui s’en remet sans faille à l’expérience du langage pour exister.

Xavier Forneret, Le Diamant de l’herbe, présentation de André Breton, gravures sur bois de Simon Ortner, Forcalquier, Quiero, 2022, 56 p. 25 €

Note de lecture publiée dans la revue Diérèse n°85, pages 300-301 - octobre 2022

Vous pouvez aussi lire cette note de lecture sur le blog « lisez jeunesse » animé par Annie Mas et Philippe Geneste

Retour au sommaire du dossier de presse


ART PROLÉTAIRE

Entretien avec Simon Ortner

Les éditions Quiero viennent de publier de Xavier Forneret, Le Diamant de l’herbe qui est un des plus beaux textes, sinon le plus beau, d’un romantique tombé dans l’oubli, Xavier Forneret (1809-1984). Ce livre est un travail typographique, imprimé sur une presse à main à partir d’une composition au plomb de Samuel Autexier en caractères Vendôme 16 & 24. Le tirage est fait en bleu, noir et rouge. Les gravures sur bois de Simon Ortner, soulignent l’énigme du texte, avec des formes géométriques. Les lectrices et lecteurs trouveront ci-dessous l’entretien que nous a accordé le graveur. Simon Ortner est ouvrier agricole qui après le travail peint, dessine, grave et expose…

***

le chiendent : diplômé des Beaux-arts, diplômé en agriculture, vous êtes actuellement ouvrier agricole. Est-ce que vous pouvez nous préciser ce choix de parcours ?

Simon Ortner : J’ai toujours eu une grande pratique du dessin et de la peinture et un réel intérêt pour l’Art. Je ne connaissais pas trop les filières d’études littéraires et artistiques quand j’étais jeune. Je suis entré aux Beaux-arts de Quimper assez tard à 24 ans après une expérience dans la vie professionnelle. Jeune ado j’ai passé beaucoup de temps avec mes voisins agriculteurs, je leur donnais un coup de main pour le jardin, les foins, le soin des bêtes et comme aujourd’hui, j’aimais être dehors au contact de la nature. J’ai donc fait un bac agricole. Rapidement comme pour la plupart d’entre nous le besoin de gagner sa vie s’est imposé et j’ai trouvé un équilibre en travaillant dehors, dans les champs aux rythmes des saisons dans un environnement qui me convient.

le chiendent : Comment faites-vous pour concilier la création de gravures, de peintures et de dessins avec votre travail comme ouvrier agricole, saisonnier, dans le Sud de la France ?

Simon Ortner : La nécessité de la création est très forte, il y a une grande porosité entre mon travail agricole et les moments de création et je crois que je ne dissocie plus les deux ! une activité nourrissant l’autre. Je suis en permanence attentif, les idées passent, pour plus tard, à l’atelier, les incarner, par exemple, en tableau. Tout comme le peintre, l’ouvrier agricole pratique un geste archaïque indispensable et beau qui est un prolongement de notre humanité.

le chiendent : Pourquoi avoir choisi la xylographie, c’est-à-dire la gravure sur bois ?

Simon Ortner : Samuel Autexier m’a proposé d’illustrer Le Diamant de l’herbe avec des gravures sur bois et j’ai tout de suite accepté, ravi de cette proposition qui était l’occasion, et une superbe invitation, à expérimenter ce médium que je ne connais pas trop. J’aime beaucoup le noir, surtout le noir encre pour typo bien dense et gras.

le chiendent : Quels choix avez-vous fait pour la gravure sur bois ? Et avec quel outil de prédilection ?

Simon Ortner : Pour Le Diamant de l’herbe j’ai utilisé du contreplaqué japonais plaqué avec tilleul de fil et deux gouges.

le chiendent : Trois couleurs sont présentes : noir, rouge, bleu. Comment ce choix a-t-il été fait ?

Simon Ortner : Le choix des couleurs est affectif et dans la continuité de mes autres œuvres à ce moment-là, je trouvais cela juste par rapport à l’ambiance du texte de Forneret, bien qu’il n’y ait aucune symbolique à voir.

le chiendent : Forneret est un de ces romantiques qui fuit la réalité pour se réfugier dans un monde onirique où retrouver des valeurs qualitatives, des valeurs humaines profondes contre une société capitaliste en plein essor. Vos gravures sont plutôt géométriques, sans volonté de donner la version des entités, personnages ou objets du poème en prose. Pourquoi ce choix du géométrique ?

Simon Ortner : J’aime le plan, l’espace de construction, l’équilibre et le bancal, je crois que j’ai utilisé (j’utilise) la forme plus ou moins géométrique dans une recherche de simplicité, de dénuement et de circulation liée au fond et à la forme au plein et au vide et inversement. Un va et vient entre la pensée et la matière. Je propose des lignes qui prennent appui ou non sur ce qui fait le fond ou les bords limites d’un espace. J’ai toujours fait attention à ne pas illustrer le livre de façon narrative mais de manière à ce que l’organique y ait une place…

Entretien réalisé par le chiendent en décembre 2022 et février 2023

Retour au sommaire du dossier de presse


Retour au début de l’article

[1Breton, André, Anthologie de l’humour noir, Paris, Livre de poche, 1973, 446 p. – pp. 123-132 (1re édition 1939)

[2Breton, André, La Clé des champs, Paris, 10/18, 1973, 440 p. – p. 11 (1re édition 1953)

[3Pour Breton, Forneret fait « une loi de l’abandon pur et simple du merveilleux ». Breton, André, La Clé des champs, Paris, 10/18, 1973, 440 p. – p. 15 (1re édition 1953)