[Le typographe] se sent déplacé quelque part qu’il se pose. La société, ce livre si méthodique, l’a oublié dans ses savantes divisions et dans sa table des matières. Il est ouvrier, car il vit de salaire, et il travaille pour un maître ; il est du peuple par son origine, ses alliances, les habitudes de sa vie ; et toutefois son instruction, sa coopération aux œuvres de l’esprit le rapprochent des classes les plus éminentes. Peu de carrières lui sont ouvertes ; si jamais il parvient à la fortune, ce sera par des voies non frayées. Vous pourrez le retrouver écrivain, artiste, homme de guerre, homme d’état, plutôt que maître imprimeur : il ne fera pas souche d’Elzevir, d’Estienne, de Didot. Il faut des capitaux ou du crédit pour fonder une maison d’imprimerie : le typographe est sans patrimoine, sans moyens de s’enrichir ou d’emprunter : ce n’est pas lui qui spéculera sur la dot de sa femme (si femme il prend) ; et quant à sa banque, c’est-à-dire son salaire de la semaine, il est rare qu’il la voie s’enfler par l’épargne et par la puissance de l’intérêt composé. La journée du typographe, et du plus habile, ne va guère au delà de six francs ; et, si vous supputez la somme de son revenu annuel, ne multipliez pas 365 par 6 : toutes les journées ne sont pas comptées au typographe ainsi qu’au fonctionnaire de l’état, comme journées de travail : déduisez, s’il vous plaît, les chômages forcés ou volontaires. [1]
Un typographe ?
Une définition
Quelle est sa condition sociale ?
Dans quelle classe le ranger ?
Est-il artisan ou clerc ?
Est-il du peuple ou du monde ?
[1] « Le compositeur typographe » in Paris, ou le livre des cent-et-un, 1832, volume 5, pages 280 à 282