Marcel Martinet

Né en 1887 à Dijon (Côte-d’or), mort en 1944 à Saumur (Maine-et-Loire)

Marcel Martinet, poète, écrivain, journaliste, militant pacifiste et révolutionnaire.

Né dans une famille bourgeoise de Province, il entre au lycée Louis Le Grand en 1905 et réussit à 20 ans le concours de l’École Normale Supérieure tout en s’intéressant à la littérature et aux rapports sociaux. Son premier acte de refus sera de ne pas se présenter au concours de l’agrégation qui l’aurait mené à devenir professeur d’université. En 1910, il achève un roman, publie un recueil de poèmes et crée une revue Les Proses avec Vincent Muselli. Marcel Martinet se marie en 1911 avec Renée Chervin qui est enseignante dans le secondaire et il trouve un emploi à la mairie de Paris. Il entame une collaboration avec la revue L’Effort (devenue L’Effort libre) et devient l’ami de Jean-Richard Bloch. Il découvre la pensée d’Albert Thierry dans la revue La Vie ouvrière créée par Pierre Monatte, Alphonse Merrheim, Alfred Rosmer… C’est dans ces années, entre 1907 et 1913, que Marcel Martinet forge la culture politique et syndicale qui l’amèneront à tenir dans sa vie et dans son œuvre des positions révolutionnaires contre toutes les hiérarchies.
Dès l’entrée en guerre, en juillet 1914, il écrit les poèmes qui deviendront Les Temps maudits publiés en 1917 en Suisse (et traduits dans de nombreux pays) et participe au Comité pour la reprise des relations internationales proche des zimmerwaldiens et de Romain Rolland. Il crée en 1918, la revue La Plèbe qui harcelée par la censure cesse de paraître au bout de quatre numéros, En février 1919, juste après l’écrasement de la révolution spartakiste allemande, il achève et publie le drame La Nuit, qui décrit l’espoir d’une extension de la Révolution russe à toute l’Europe.
Il quitte en 1920 son emploi à la mairie de Paris et dirige jusqu’en 1924 les pages littéraires du journal L’Humanité. il exerce en parallèle divers emplois de secrétaire de rédaction au sein de plusieurs revues La Vie ouvrière, Les Cahiers du travail, La Révolution prolétarienne, puis pour la maison d’édition Rieder toujours en lien avec ses engagements militants. Atteint d’une grave forme de diabète, il reprend en 1924 un poste de fonctionnaire à la Préfecture du département de Seine-Saint-Denis puis doit cesser toute activité professionnelle à partir de 1930. Il frôle même la mort en 1931 suite à une violente crise de diabète.
Miné par la maladie, il poursuit alors un travail plus solitaire d’écrivain, d’intellectuel engagé et de militant pacifiste et révolutionnaire notamment dans la défense de Victor Serge, contre les procès de Moscou et contre le fascisme. Il publie Où va la Révolution russe ? L’Affaire Victor Serge à la Librairie du Travail en 1933. Il entretient des correspondance avec Ludovic Massé, Jean-Richard Bloch et de nombreux écrivains, poètes et militants, continue à écrire et à publier des articles dans des revues (La Vie ouvrière, Europe, Esprit, etc.) dont celui que nous publions ici Le Chef contre l’homme paru en janvier 1934. Il publie Chants du passager en 1934 chez Correa, rassemble en 1935 une série d’articles pour son livre Culture prolétarienne qu’il dédie à Fernand Pelloutier, publie en 1937 une nouvelle pièce de théâtre La Victoire. En 1938 paraît Une Feuille de hêtre. Malgré les difficultés et un état de santé précaire, il va suivre et commenter la vie politique française jusqu’à sa mort en 1944 à Saumur.
Ses œuvres continuent d’être régulièrement rééditées, dans les années 1970 par les éditions Maspero et 10/18, puis par la revue et les éditions Plein Chant dans les années 1980, les éditions Agone en 2000.

Publications :

  • Le Chef contre l’homme suivi de Le Refus de la hiérarchie par Philippe Geneste, Quiero, 2023 (première parution dans la revue Esprit 1934).
  • Culture Prolétarienne, Avant-propos de Charles Jacquier, Marseille, Agone, 2004, 190 p. (première édition 1935).
  • Les Temps Maudits, « À bas les pharisiens ». Avant-propos de l’auteur suivi des Carnets des années de guerre (1914 – 1918), quatrième édition, Marseille, Agone, collection Marginales, 2003, 222 p. (première édition 1917).
  • Où va la Révolution russe ? L’Affaire Victor Serge, fac simile de l’édition de la Librairie du Travail, collection Faits et documents, n°11, 1933, réimprimé en 1978 par les éditions Plein Chant, 32 p.
  • Chants du passager suivi de Une Feuille de hêtre, poème, Limonaire, collection Plein Chant, 1978, 212 p. (première édition, respectivement : 1934 et 1938).
  • Hommes poèmes précédés de Défense à la poésie…, Bassac, Plein Chant, 1975, 79 p. (première édition dans Les Humbles, cahiers 5 et 6, 1938).

Sur Marcel Martinet :

  • Marcel Martinet, À contretemps n°19, Paris, 2006.
  • Correspondance Jean-Richard Bloch - Marcel Martinet (1911-1935), édition originale et intégrale. Textes établis et annotés par Haruo Takahashi, Tokyo, éditions Université Chuô, 1994, 463 p.
  • Correspondance croisée de Marcel Martinet et de Ludovic Massé, édition établie et préfacée par Maurice Roelens, Bassac, Plein Chant, collection Voix d’en bas, 1987, 141 p.
  • Actes du colloque Marcel Martinet. Dijon, 13 novembre 1981, Bassac, Les Amis de Marcel Martinet et Plein Chant, 1983, 133 p.