Publié à l’occasion d’une rencontre organisée à la Bibliothèque de Marseille le 4 février 2006, ce numéro réuni autour de deux thèmes – littérature prolétarienne, littérature et engagement politique – des lecteurs attentifs des œuvres de Jean Giono (1895–1970) et de Harry Martinson (1904–1978), devenus des classiques de la littérature du XXe siècle dans leurs pays respectifs.
Ces deux écrivains issus du peuple, dont nous publions ici des textes rares ou inédits, ont témoigné de manière critique de leur temps et se sont engagés contre la guerre. Ce numéro donne à lire le parcours parallèle de deux auteurs qui se sont imposés dans le champ littéraire en vérifiant l’affirmation de l’écrivain portugais Miguel Torga selon laquelle « l’universel c’est le local moins les murs ».
« Il faut, je crois, voir, aimer, comprendre, haïr l’entourage des hommes, le monde d’autour, comme on est obligé de regarder, d’aimer, de détester profondément les hommes pour les peindre. Il ne faut plus isoler le personnage-homme, l’ensemencer de simples graines habituelles, mais le montrer tel qu’il est, c’est-à-dire traversé, imbibé, lourd et lumineux des effluves, des influences, du chant du monde. Pour qui a vécu un peu de temps dans un petit hameau de montagne, par exemple, il est inutile de dire combien cette montagne tient de place dans les conversations des hommes. Pour un village de pêcheurs, c’est la mer ; pour un village des terres, ce sont les champs, les blés et les prés. On ne peut pas isoler l’homme. Il n’est pas isolé. Le visage de la terre est dans son cœur. Pour faire ce roman, il ne faudrait que des yeux neufs, des oreilles neuves, des chairs nouvelles, un homme assez meurtri, assez battu, assez écorché par la vie pour ne plus désirer que la berceuse chantée par le monde. »
Jean Giono, Solitude de la pitié, 1932.
Revue de presse
La Littérature à la place des yeux. Jean Giono & Harry Martinson, écrivains du peuple, écrivains contre la guerre.
Parution : 17 mars 2006
ISBN : 2-914363-12-5
204 pages, 18 x 18 cm
Couverture souple, impression rouge et noire
18 euros
Sommaire complet :
Introduction, Samuel Autexier
Littérature prolétarienne
Des enfants extraordinairement beaux, Harry Martinson
Martinson et l’écriture prolétarienne, Philippe Geneste
Vie et mort d’une tourbière, Harry Martinson
Deux littératures, Henry Poulaille
Elle ne peut pas voir le fleuve, Jean Giono
Giono et la langue parlée, Jérôme Meizoz
Situation de l’individu
Beauté de l’individu, Jean Giono
Poèmes marins, Harry Martinson
Le nomade du monde, Karin Boye
Quota suivi de Santa Fe, Harry Martinson
Le chant du monde, Jean Giono
Littérature et engagement
Appel aux soldats, (collectif)
Les temps maudits, Marcel Martinet
Militer pour la paix d’une guerre à l’autre (1914-1939), Nicolas Offenstadt
Je ne peux pas oublier, Jean Giono
Pan la panique, Henry Poulaille
La peste et le choléra, Jean-François Pelé
Réfraction de la guerre froide en littérature, François-Noël Simoneau
Aniara, Harry Martinson
Contribution au débat Est-Ouest, Stig Dagerman
Entretien avec Harry Martinson, dans Arbetaren (1969)
Gravures sur bois, Pierre Laroche
Photographie du ciel, Observatoire de Haute-Provence
Biobibliographie sélective