Un séminaire itinérant animé par Emmanuel Loi

… de l’usure en toutes choses

à La Carline à Forcalquier (04) & dans quelques autres lieux (Reillanne, Apt, Saignon…).

Le séminaire reprendra en octobre 2022

Contact et inscription

Emmanuel Loi ouvre un atelier de pensée autour de l’usure, une sorte de café philosophique dans l’esprit d’une Université populaire ou de la Pop philosophie.

Ce séminaire est voulu comme un lieu où la parole s’échange sans être monétisée. Des idées sont lancées, reprises ; ce maillage pousse chaque personne présente à formuler sa pensée et ses sentiments.
Avancer ensemble, tailler dans le maquis.
Produire quelque chose qui nous change.
La force de déplacement ne se voit qu’au bout de quelques séances.

Avant chaque séance, trois thèmes sont expédiés aux boîtes mail des inscrit·es.

Vous trouverez ici les transcriptions et résumés des premières séances, des textes à lire. Le lien vers une liste de discussion pour continuer, compléter et enrichir les échanges, etc.


Pour vous inscrire sur la liste de discussion du séminaire, suivez ce lien.

Résumés : séance 1 / séance 2 / séance 3 / séance 4

Comptes-rendus : séance 1 / séance 2 / séance 3 / séance 4


La librairie La Carline à Forcalquier est le premier lieu à accueillir, un vendredi par mois de 12h30 à 14h30, ce séminaire itinérant qui se tiendra aussi (plus tard) à Reillanne, Apt, Saignon…

Les quatre dates du séminaire à La Carline : 18 mars, 15 avril, 20 mai et 17 juin.

Contact et inscription


Tentative de résumé de la première séance en 20 lignes.

Pour cette première séance nous étions 8 ou 9 à profiter de la terrasse de La Carline ouverte pour nous par Benjamin et Aurélie… Emmanuel, Akiko & Cy, Bernard, Mireille, Samuel, Alfredo, Nelly et Claudine.

4 livres totems dont la lecture est recommandée pour suivre le séminaire.

1. De la destruction comme élément de l’histoire naturelle de W.G. Sebald chez Actes sud - Babel.

2. Codes littéraires et codes sociaux (revue Littérature n°12) chez Larousse. Deux ou trois textes remarquables de chercheurs-universitaires belges dont un sur le Dom Juan de Molière…

3. Parler d’écrire de Geneviève Bollème au Seuil. Sur la puissance d’écrire liée à une personnalité. Geneviève Bollème parle notamment de Flaubert. D’une puissance souvent reliée à une posture de classe.

4. Leçons sur la langue française de Pierre Guyotat chez Gallimard

Emmanuel Loi introduit la séance en rappelant les origines du mot « usure » datée de 1184. Une apparition liée à l’imposition par Philippe Auguste d’un taux de prêt forcé durant la période d’homogénéisation de la monnaie royale sur l’ensemble du territoire « de la couronne » gagnée sur les anglais.
Sur l’argent : j’en connais un rayon car j’en ai beaucoup dérobé et j’ai eu l’occasion d’y réfléchir notamment en analyse (et en prison ?). J’ai aussi écrit un livre sur le sujet L’Argent et la mort paru chez Via Valeriano. Suit un assez long développement autobiographique sur son histoire familiale (mésalliance de son père prolétaire et de sa mère bourgeoise), son frère, sa sœur et les études…

On est le produit (l’otage) de sa propre histoire.

Cela fait 15 ans que je travaille sur ce que l’on pourrait appeler « la valeur d’usure ». Pour comprendre ce nouveau concept, il doit être mis en rapport avec « la valeur d’usage » et « la valeur d’échange » définies par Marx et Engels. Travailler sur le taux d’usure (intérêt). Quel est le lien entre l’usure (d’un objet, du temps) et l’usure (le gain, l’intérêt) ?

Des dialogues ont été initiés entre les séminaristes sur l’usure des objets, des êtres vivants, la relation avec les autres, la mort, la biographie d’Emmanuel Loi, la virtualité des rapports, celle de la monnaie… On a parlé d’émancipation et d’une lecture du premier chapitre du Capital de Marx.
https://www.marxists.org/francais/marx/works/1867/Capital-I/kmcapI-I-1.htm

Avec un extrait de l’enregistrement audio. Ici la fin de la séance qui commence sur les "acquis" sociaux et se poursuit sur les "valeurs" d’usage, d’échange… et d’usure (et avec du vent dans le micro !).

Extrait de la captation audio : Les acquis sociaux... Marx le dit mieux que moi ;-) (l’analyse proprement surtout)

Extrait du Goût du joug de Emmanuel Loi…

Les aveugles-nés qu’on voit désirer à y voir, ce n’est pas pour entendre qu’ils demandent : ils ont appris de nous qu’ils ont à dire quelque chose, qu’ils ont quelque chose à désirer, qui est nous, laquelle ils nomment bien et ses effets et conséquences ; mais ils ne savent pourtant ce que c’est, ni ne l’appréhendent ni près ni loin.
Montaigne

Le goût de tout ce qui arrive et nous rive à notre destin n’est pas insipide, il est rétribué par tous nos actes. Toutes nos fonctions de pensée, d’affiliation, toutes nos volontés de démarque sont tributaires de ce soutènement. Fortement récompensé, il blinde notre appartenance à un genre qui privilégie l’accointance de se sentir ensemble ; loin de fonctionner uniquement tel un moule, il est le tamis, la jauge de ce que chaque membre tolère de céder pour se supporter. Impossible de s’en séparer ou de méconnaître le vertige de cette senteur qui nous condamne à répéter. Quelle est la fonction de ce malaise que nous entretenons ? Nous fabriquons les anticorps qui sculptent les moellons, nous sommes la citadelle, les prisonniers et les gardiens. Le gibier et les chasseurs.

Pas question de laisser les portes ouvertes. Chaque soir, chaque matin, en allumant l’ordinateur, en relevant les lignes, nous reprenons le licou. Quelle gravité pouvons-nous céder à ceci, quel est le taux de nocivité d’une usure si bien aimée, intriquée et lustrée que découvrir d’un coup une liberté souvent inadmissible revient à vous arracher la peau, le linceul protecteur des contraintes intériorisées ? Pour survivre, il faut pactiser. Loi première. Qui suppose ne dépendre de rien ni personne est, tout compte fait, très fragile.

En s’isolant sur une ligne de crête, que déjoue à vrai dire le libre-penseur ? La fabrique est bonne, nous sommes langés, blanchis. Les conditions sont si nombreuses que le fléchage pour s’affranchir, être moins pénalisé, encombre plus qu’il ne rassure.

Compte-rendu de la séance 1 sur l’usure

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Pas de résumé mais un plan de cette deuxième séance

Pour cette deuxième séance nous étions une dizaine à profiter du soleil et de la terrasse de La Carline. Un enregistrement audio a été réalisé par Kioka-Cy qui sera disponible ici avec le plan/résumé (ci-après) rédigé par Anne.

Un des textes envoyés par Emmanuel Loi avant la séance…

Dérives

au sens de Guy Debord et de la pensée situationniste, la dérive est un art de transcrire et de transgresser la ville. Tout un art de marcher dans les rues, d’arpenter le macadam et de se jeter à l’aventure qui se passe des cartes et d’une conduite tenue. Une des rares façons de ne pas être médusé par la débauche de signes, par la prolixité alléchante de l’achalandage est pour Debord, Vainegem et Jorn – à Paris, Séville et Copenhague, quelque soit la métropole et son histoire – de se laisser dériver. Ne pas chercher à lier précocement un signe à un autre, ne pas interpréter mais se laisser imprégner. Ce déroutage, ce brouillement des pistes, demande pour en jouir de se débarrasser du principe de certitude : il n’est plus question en dérivant la ville de penser aller quelque part, d’aboutir mais d’ effectuer une transhumance acceptée ; c’est le trajet qui l’emporte sur la destination. Arriver à bon port est aléatoire, l’arborescence des croisements et bifurcations peut se révéler exponentielle. Ce type de pérégrination poétique perd à se répéter. Se considérer comme Marco Polo à Nœux-les-Mines n’est pas à la portée du premier rêveur.

Si l’art de la flânerie tend à disparaître, la faute n’en incombe pas seulement aux voyages organisés et au raccourci mnésique de la reconnaissance mutuelle. De l’étranger, il faut rapporter quelque chose, prouver que l’on y a été. Le temps est compté, l’espace encore plus. L’industrie du loisir peut faire croire qu’en se déplaçant, le caravanier conditionné voit du pays. Non, il est transporté, acheminé vu que sa date de retour est chiffrée dans le registre de la réassurance. N’avoir aucun sens du plaisir à se perdre fait pitié, s’imprégner n’est pas chercher à retenir, ramener du souvenir, compter ses trophées de pacotille mais aspirer à s’oublier.

Compte-rendu de la séance 2 sur l’usure

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Bref résumé de la troisième séance

Pour cette troisième séance nous n’étions plus que trois (Emmanuel, Raymond et Samuel) à profiter de l’ombre de La Carline.

Un enregistrement audio a été réalisé par Aurélie et un résumé (ci-après) a été rédigé par Samuel.


Faisant un habile rapprochement entre la pensée de Georges Bataille et celle de Marcel Duchamp, Emmanuel Loi nous alerte ici sur le triomphe de l’idéologie capitaliste qui passe nécessairement par le sacrifice du sacrifice. Hors évacuer le sacrifice c’est aussi vouloir rendre tous le monde commun et tous les objets utiles.

Pianissimo : Georges Bataille note dans les Limites de l’utile récemment republié par Michel Surya que « la paysannerie ne pouvait concevoir une production excessive à ses besoins » mais que l’industrie (et l’usine) obligent à l’enrichissement nécessaire pour l’achat des matières premières, de la force de travail, des outils…
Mais comme le souligne Bataille l’accumulation capitaliste est le contraire du sacrifice.

Emmanuel poursuit en parlant de l’endettement de la paysannerie qui a véritablement fait la fortune du Crédit agricole.
Raymond donne l’exemple de la librairie poussée par les producteurs (les éditeurs) à s’agrandir et à vendre toujours plus de livres (marchandise)…

& : Dans la biographie que Bernard Marcadé consacre à Marcel Duchamp, il est dit ceci : rien n’est plus étranger à Duchamp que cette esthétisation des objets de la vie quotidienne qui du futurisme au cubisme a fini par devenir la figure imposée des avants gardes. L’objet trouvé est une chose, c’est une forme qui ne m’intéresse pas. L’intention du ready-made est bien celle de réduire à néant toute tentative d’identification et d’immatriculation, toute relation aux sens et aux référents. La chose intéressante pour moi était d’extraire l’objet de son domaine pratique ou utilitaire et l’amener dans un domaine complètement vide, vide de tout à un point tel que j’ai parlé d’anesthésie complète.
En quelque sorte de sacrifier cet objet, c’est-à-dire le faire sortir de son utilité…

Samuel interroge Emmanuel sur le « sacrifice » signalé par Bataille et mis en œuvre par Duchamp et sur ce qu’il implique en terme de monnaie, de propriété, de capital…

Emmanuel répond en explicitant le terme de potlatch, contre don ou dépenses fastueuses et en dénonçant les trafiquants en tous genres dont les écoles d’agriculture ou de commerce qui vantent l’autonomie ou la propriété pour le seul bénéfice de la marchandise, en affirmant : si vous ne valorisez pas l’État cela n’a aucun intérêt !

Samuel et Raymond protestent contre un propos qui manque parfois de précision dans ses attaques mais Emmanuel leur répond qu’il laisse la nuance aux sociaux-démocrates [1]

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Séance 4 : vendredi 17 juin de 12h30 à 14h30

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[1J’avais seulement écrit « démocrates » mais Emmanuel a insisté pour que je corrige…