Joan Jordà, peintre, graveur et sculpteur.
Né dans une famille ouvrière catalane, Joan Jordà émigre en janvier 1939 avec des milliers de républicains espagnols. Un exil marqué par le dénuement total, les camps d’internement et l’éclatement de la cellule familiale.
Après la guerre, en 1945, il se fixe définitivement à Toulouse avec sa famille et s’engage dès 1947 dans la peinture. Quasiment autodidacte, il complète sa formation à l’École des Beaux-Arts de Toulouse entre 1954 et 1957 auprès notamment du peintre Espinasse et du graveur Louvrier.
Après sa première exposition personnelle en 1976, il fonde, en 1979, le groupe CAPT (Coordination des Artistes Plasticiens de Toulouse) dont l’objectif est de faire découvrir l’art contemporain au grand public. Dans ce cadre, il participe à de nombreuses expositions dans l’hexagone contribuant ainsi à la dynamique et au renfort de l’expression artistique de la région.
Sa peinture témoigne d’une engagement contre la violence et les aberrations des pouvoirs totalitaires qui ont bouleversé sa vie. « Bombardements » (1980), « Ménines » (1987), « Majas », « Masques et Visages » (1991), « Personnages cloués », « Corridas », « Egorgeurs » (1998) autant de séries qui jalonnent sa vie d’artiste où violence, déchirement et souffrance sont omniprésents. Seule la thématique des « Nageurs » commencée en 2000 et toujours en exploration semble marquer un apaisement.
Plusieurs expositions lui ont été consacrées en Catalogne à Barcelone, Sant Feliu de Guixols, Gérone, Caixa de Catalogne à Perpignan… Joan Jordà fait preuve d’une intense création qui s’affirme sous des formes diverses : peintures, sculptures – il est le créateur du Mémorial « L’exode des républicains d’Espagne » sculpture en bronze installée au coeur de Toulouse – mais aussi gravures et illustrations pour des ouvrages d’art, notamment de Delteil, Rimbaud, Miguel Hernandez, Pepe Hillo et ici avec le poète Serge Pey pour Les Poupées de Rivesaltes…
« J’ai entassé des toiles pour essayer de parler de tout ce vécu. (…) En somme, je cherche à faire une peinture tragique mais qui ne soit pas triste. Je voudrais que celui qui la regarde, s’y retrouve, même si le mécanisme de ma pensée débouche toujours sur un sentiment d’absurdité… (…) Prendre conscience « que todo es nada » sans pour cela en faire une arme de destruction, une force du mal, un laisser aller. Au contraire, considérer cette chose qui n’est rien et qui est tout – la vie – avec une curiosité et un respect inépuisable. »
Dossier de presse de l’exposition de Joan Jordà à Montolieu en 2009